• CONTE SUR LA SOLITUDE

    CONTE SUR LA SOLITUDE

    Conte de la SOLITUDE

     

    L'inimitié humaine peut parfois faire des ravages sur un homme blessé par la trahison de ceux qui l'entourent. Insidieusement, elle s'acharne sur cet homme que je vois tous les jours parce qu'il est devenu trop gentil, trop confiant en l'âme humaine. La confiance en lui s'est effritée jusqu'à disparaître à jamais.

     

    On pouvait le voir, dès le matin, assis devant son jardin, portant les habits de la veille, de l'avant-veille, de l'avant-avant-veille, la barbe et les cheveux hirsutes, la poussière des jours sur son visage. Il n'avait plus le cœur à l'ouvrage. Cette petite étincelle qui l'animait autrefois avait disparu.

     

    Son seul ami...un petit bonzaï qu'il taillait minutieusement, amoureusement lorsque le vent ou la pluie le réveillait et auquel il donnait de l'eau lorsque le soleil était trop chaud, prenant conscience de sa propre présence et par là même, de sa propre solitude.

     

    Puis, de nouveau, il restait là, de longues heures, le regard vide comme si plus rien ne l'importait, indifférent aux choses qui l'entouraient, attendant le salut et le parfum âcre du froid hivernal.

    Pourtant, il aurait suffi d'un peu d'espoir pour qu'il renaisse à nouveau, mais l'espoir comme la confiance avait déserté sa vie.

     

    De plus en plus, il s'enfonçait dans une dépression qui le laissait sans force, sans réaction si bien qu'au cours des jours qui suivirent, il demeura ainsi, inerte.

     

    Un beau matin, le petit bonzaï, dans ses mains, se fit plus lourd et tomba. L'homme gentil était mort. En se brisant. les racines de l'arbre s’enfoncèrent dans la terre pour y puiser l'eau qui lui faisait défaut mais d'eau, il ne trouva point. La terre était trop sèche et le sol trop dur.

     

    Alors, le petit arbre, voyant son ami, inerte, l'entoura de ses bras feuillus et puisa le reste de substance dans cet homme gentil qui ne répondait pas. Il se raccrocha à cet ami qui l'avait quitté et grimpa au fil des jours tout le long de son corps. De ses ramures, il ceintura doucement, précautionneusement, cet homme pour ne faire qu'un avec lui.

     

    Un printemps, ayant dormi tout l'hiver, le petit arbre se réveilla. Une rivière coulait à ses pieds. Il se mira dedans. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que ses ramures se paraient de magnifiques petites fleurs roses et blanches. Il était dans un immense jardin où, à perte de vue, il pouvait apercevoir une multitude de ses semblables en fleurs.

     

    Il pouvait penser et deviner ce qui l'entourait car les fleurs lui parlaient...

     

    -comment allez-vous petit arbre? Lui demandaient-elles.

     

    -Je vais bien...répondait-il ;

     

    ses amis les grands arbres, du haut de leur cime, se penchaient sur lui …

     

    -Bonjour petit d'homme, bienvenue à ta grande famille...disaient-ils en agitant leurs grandes feuilles.....

     

    Il fut un instant heureux, puis il repensa au vieil homme. ….Oh non ! pas une pensée triste, mais une pensée solidaire, une pensée d'amour....Ah...se dit-il...s'il était là avec nous...il ne serait plus seul....les humains n'ont plus de cœur pour leurs semblables, ils s’entre-tuent, se déchirent pour être le meilleur....mais le meilleur...c'est nous, la nature... les animaux qui nous côtoient, le parfum des fleurs essaimées par nos abeilles...les arbres de la forêt, les champs de blé, le ruisseau qui coule, sa douce musique qui voyage à travers la terre, les montagnes jusqu'à la mer...immense et généreuse. Chacun de nous a besoin de l'autre pour vivre et survivre. L'inimitié n'existe pas entre nous parce que nous nous faisons confiance. A ce moment-là, une petite voix intérieure se fit entendre : Je t'entends...tu sais...petit arbre...c'est moi, le vieil homme...j'ai nourri ta sève de mon sang et redonné la vie ; aujourd'hui, nous sommes liés ensembles et je suis là en toi... je ne suis plus seul et je suis heureux.

                                                             © ChrisDaniels21

    « Requiem en sursis... »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 9 Octobre 2014 à 17:23

    Ton récit est émouvant, il est vrai que la solitude et parfois l'indifférence des humains peuvent nous rendre isolé à tout sentiment... Seule la Nature peut nous redonner un espoir...  Très très beau! J'aime !

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