• le Potala

    A deux cents mètres de l'embranchement, il aperçut une légère dénivellation carrossable. Elle contournait la montagne en traçant un sillon étroit et escarpé qui fuyait en un passage entre deux collines. L'endroit situé en zone d'ombre paraissait sûr.

    Il laissa le 4X4 dans la trouée à l'abri des regards terrestres et aériens. En effet, l'éventualité d'une reconnaissance aérienne dés l'aube si des grains de sable se glissaient dans les rouages bien huilés de la mission n'était pas à exclure.

     

    Le sac de toile en bandoulière, il arpenta le terrain en direction d'une butte qui dominait les postes de garde. Le sol était caillouteux, accidentel. Muni de souliers souples et confortables, il avançait avec facilité. Il mettait un point d'honneur à soigner l'aisance de ses déplacements. Bien dans ses pieds disait-il c'est être bien dans sa tête.

     

    L'étrange conformité des lieux permettait à celui qui abordait le Potala de franchir en divers points l'enceinte de la forteresse sans attirer l'attention des gardes placés sur les principales voies d'accès. Venelles, ruelles médiévales et passages tortueux se succédaient dans un enchevêtrement obscur et silencieux. Il suivit un raidillon bosselé, effleurant d'un pas léger les pavés disjoints.

     Aux abords du temple, un parterre de fleurs aux tons multiples jaillit soudain dans la nuit noire happé par le faisceau de la lune s'échappant des nuages. Il continua sa progression, mesurant ses pas, à l'affût de l'insolite. Il entendit le bruit confus d'une conversation. Il avait de la visite. Il sauta une murette, atterrit dans la cour intérieure d'une habitation, manquant de peu un bac de pierre rempli d'eau.

    Les deux soldats passèrent tout près, s'interpellant à voix haute et riant de boutades dont ils étaient les seuls détenteurs. Puis, ils disparurent, avalés par l'obscurité sereine de la cité.

    L'esplanade était à nouveau déserte. Richard sortit de l'ombre et emprunta un escalier immense gardé par des lions de pierre figés dans l'indifférence. Parvenu aux colonnes sombres de l'entrée, il écouta le bruit du vent qui parvenait de Ngapa à travers l'architecture hélicoïdale des stupas sacrés. Il prit sur la gauche, aborda le sentier qui ceinturait le lavoir et remonta l'enceinte du collège tantrique transformé en un casernement bruyant et sacrilège. 

    Bientôt l'entrée se profila devant lui, gardée par quatre sentinelles. Une jeep et un vieux camion Mig trônaient, parallèles au poste. Groupés en cercle, les hommes s'apostrophaient bruyamment, engagés dans une partie de mah-jong et motivés par quelques yuans posés à terre. Richard sourit. La situation était intéressante. Préoccupés par les enjeux, ils allaient favoriser son ascension vers le but final.

     

     

    « Richard-Mission Alpha-Incursion »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 30 Janvier 2015 à 07:41

    Bonjour, j'aime beaucoup cette histoire qui se passe en Asie en passant par le Tibet, c'est très dépaysant pour moi car je ne connais pas l'Asie. Bien écrit, merci pour ce récit ! Amicalement LNA

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