•  

    Rêverie

     

     

     

    Une main sur le sable

     

    émancipant le geste

     

    d'adroit semeur au vent

     

    de lendemain stérile

     

    je balaie d'un revers

     

    un souffle alizéen

     

    en regardant au loin

     

    un soleil qui décline.

     

     

     

    Allongé près de l'eau

     

    aux légers soubresauts,

     

    je contemple le ciel

     

    et ses millions d'étoiles

     

    tout en faisant serment

     

    d'y revenir souvent.

     

    Mais le temps a passé

     

    les serments oubliés

     

    Adieu mon oasis

     

    mes dunes, mon désert

     

    des démons, des infâmes

     

    ont brisé la magie

     

    et l'horizon serein

     

    s'est entaché de sang.

     

     

     

    C.Daniels21

     


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  • Le moineau

     

    Singulière vision ennoblie par l'instant

    d'un moineau confronté aux frimas de l'hiver

    ses pattes engourdies par le vent insistant

    a trouvé un refuge sur mon service en verre

     

    Niché dans une assiette, il s'ébroue lentement

    me regarde souvent, encore tout tremblant

    se demande pourquoi je reste ainsi pantois

    le toisant calmement sans le chasser du doigt

     

    il pense, ce pourrait-il, qu'un humain le garda

    chez lui, sans demander quel intrus il était

    laissant son frêle corps transi se réchauffer

    sans qu'il le pria de le bouter au froid

     

    Il se disait...

     

    se pourrait-il qu'il existât sur terre

    un humain amène et bienveillant

    car toutes les saisons de ses ailes traversé

    il n'en connu aucun, pas même au printemps

    pourtant annonciateur de tendres sentiments.

     

    Enfin, les jours passèrent

    la crainte et la méfiance enfin furent oubliées

    solitude et ennui pour chacun s'épargnèrent

    en créatures de Dieu ensembles apprivoisées

     

    Les mois et les années s'écoulèrent ainsi

    vivant plus en sursis qu'en espérance de vie

    un respect d'amitié et de fidélité.

     

    Quand le piaf plus âgé s'en alla le premier

    en me laissant tout seul, malheureux, affligé,

    demandant la raison, pourquoi une entité

    indulgente et sensée...

    avait fait de l'oiseau un être éphémère...

     et mon coeur plus humain

     et rempli de chagrin...

     

    Un matin de décembre,

    vaincu par le grand âge,

    solitaire, élyséen,

    en vieil homme je partis

    rejoindre mon copain, mon pote, mon ami

     

    cet oiseau, ce moineau, cet être si fragile

    qu'un jour d'hiver chez moi d'émotion accueilli

    réconfort mutuel d'un instant de ma vie

    où l'âge, la maladie en ont été...

    les seuls vrais ennemis.

     

     

     


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  • Mercredi 7 janvier 2015

     

    Rongés par le folie

    de funestes barbares,

    Des âmes innocentes sont mortes ce matin.

    Au dénouement rapide

    le destin fut choisi.

     

    Pas question d'un Enfer,

    mais celui d'un Eden

    Après s'être concertés,

    ça leur convenait bien.

     

    A peine dans les limbes,

    escortés par les anges,

    St Pierre les accueillit

    et d'un sourire, leur dit :

     

    « Venez, vous, mes Charlie,

    si vous cherchez la vérité

    si vous rêvez de liberté,

    vous êtes ici, chez vous,

    vous êtes au Paradis. »

     

    C.D.21


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  •   Jean Guéhenno disait :

    "....nous vivons une vie, nous en rêvons une autre mais celle que nous rêvons est la vraie."

    Comment résister à cette torpeur du passé qui m'affaiblit à nouveau et me fait descendre plus bas, dans ce rêve éveillé qui me sied et dans lequel j'enferme mes souvenirs plus profondément.....

    ----------

    ....quelques minutes plus tard, l'eau pour le thé est chaude et j'ai déposé sur une feuille d'holei une grosse poignée d'ohélos, une sorte de gros pamplemousse ainsi que des airelles; je souris en la regardant "enfouir" à pleines mains le fruit exquis et sacré  ;  Mai n'en fait qu'une bouchée, la jungle, ça creuse...et elle adore les airelles ; je me contente d'une tasse de thé brûlant accompagnée d'un alcoolat préparé par mes soins.

    Mai lève les yeux, attirée par un bruissement d'ailes dans la canopée ; un groupe de perroquets bleus rejoint la lisière de la jungle ; la nature s'éveille. L'aurore enveloppe la cime des arbres. Hibiscus et bancouliers s'offrent déjà au soleil qui lèche le flanc de la colline. Une sittelle turquin jaillit tout près pour atteindre les frondaisons. Surpris, je cherche Mai. A quelques mètres, elle s'étire en baillant. Un bruit sourd et continu parvient de derrière le temple : la cascade. Pour l'atteindre, nous devons emprunter une piste bien dégagée tracée par les inlassables va-et-vient des éléphants du service forestier de Phu Luang. Quotidiennement, ils déambulent par groupes de trois, trainant de volumineux troncs de teck arrachés aux collines environnantes jusqu'à la destination finale : le Mékong ; mais aujourd'hui, nous avons de la chance, c'est relâche ; un bonheur au milieu de ce silence ponctué de cris d'oiseaux.

     

    Mai regarde en arrière, m'aperçoit contournant un ohia centenaire puis elle disparaît soudain dans un groupe de fougères cornes d'élan et de géraniums sauvages. En chemin, elle dérange quelques apapanes sanguins qui, surpris, se fraient une sortie à travers l'enchevêtrement des savonniers. Mai n'a certes pas choisi la meilleure piste mais ce qu'elle a vu ne souffre pas d'être détourné de son attention.

     

    A proximité d'un styrax majestueux, parmi les vieilles pierres, une orchidée rouge flirte avec un ti gracieux et élancé. Mai cueille la fleur de sang et revient dans ma direction. Ensembles, nous suivons la piste quelques instants, louvoyant entre les branches, les haies tranchantes des hautes herbes, laissons la pagode à l'est pour aborder les premiers contreforts des torrents de montagne.

    Un coin dégagé me parait l'endroit idéal pour effectuer une halte.....

    La matinée est bien avancée. Nous coupons la piste pour descendre sous le première cascade. Arrivés en surplomb du torrent, nous savourons un instant de repos bien mérité. Mai est encore très jeune et les rochers arrondis et lisses sont énormes pour ses petites jambes. Elle s'approche du raidillon et lance négligemment l'orchidée à l'eau. La fleur écarlate flotte un instant entre deux pierres, tournoie, entraînée par le courant impétueux du torrent puis disparaît soudain à ses yeux, avalée par l'effervescence glacée.

    Mai cherche à l'apercevoir dans le lit bouillonnant, s'attend à la voir resurgir, drapée de sa splendeur virginale mais ni la verdeur des criques, ni l'imposante majesté des roches polies et noires, ni la multitude de petits bancs siliceux lovés autour de la cascade ne dévoilent à aucun moment la robe de sang assassinée.

    Déçue, elle soupire en haussant vivement des épaules, fait une moue badine et s'accroupit sur la roche-mère dominant l'élément ravisseur.

    A quelques pas, un gros lézard à queue rouge et jaune se dore au soleil, nullement incommodé par notre présence. Boudeuse, Mai se met à l'agacer avec une brindille. Irrité, l'animal, réveillé en plein somme, soulève sa masse gorgée de soleil, oscille pesamment de la tête et part se réfugier sous les fougères arborescentes en se dandinant gauchement.

    Pas un seul instant, je n'ai cherché à détourner mon regard de son jeu innocent, amusé par le manège. Je souris en grognant doucement. Surprise, Mai lève la tête et agite la main dans ma direction à la manière d'un chef d'orchestre. Un bref instant, son visage se renfrogne, vexée d'avoir été observée ; je réponds d'une grimace facétieuse ; elle me sourit à nouveau.

     Magie du moment où la lumière pailletée d'argent éclaire son minois d'enfant, voilant la beauté du site.

    A travers cette image hamilton, je redécouvre avec tendresse le visage de sa mère,

     

     la finesse, l'harmonie de ses traits et leur douceur. Comme un aimant, j'avais été attiré par sa longue chevelure de jais qui descendait jusqu'au trochanter, ses prunelles au reflet automnal contenant tout l'amour du monde, monde qu'elle avait quitté trop vite, trop tôt.

     Une impression de vide me saisit, un vide rempli de tristesse qui n'admet aucune panacée.

    Mai sent ma peine. Elle se rapproche de moi. Je sens sa main affleurer la mienne, douce comme un zéphyr et son corps chrysalide se blottir entre mes bras pour n'y plus bouger. Elle sait. Elle connait ma tristesse. A chaque spleen qui m'envahit, elle m'en dispense le remède. Nous demeurons ainsi contre l'agression de mots aussi futiles que barbares, sans le viol d'une absence mutuelle et consentie dont nous voulons conserver l'empreinte merveilleuse d'une fille à son père.

    Je laisse mon regard submerger cet instant de pur bonheur qui baigne mon corps d'une douce chaleur....

    .......

    Quel merveilleux et puissant artifice, souvenir si réel qui est l'apanage des jours sans soleil. 

    On ne peut cesser de regarder en nous-mêmes, de regarder cette lumière intérieure qui prend possession de nous lorsque la nuit tombe, si bien qu'aucune autre nous est nécessaire.

    ChrisDaniels21 


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  •  

    Où allons nous cette année en vacances ?

     

    Cette phrase...tous les adultes l'ont prononcée un jour ou l'autre. Cependant, si dans les années antérieures elle avait un sens....aujourd'hui, hélas...elle n'en a plus selon les régions du monde !

    Examinons un planisphère si vous le voulez bien. Prenons l'Afrique :

    Le Maghreb :

    L'Algérie ? : avant, il y avait Ghardaia, les Babors, le Tadrart, Timgad ou plus sécurisant la Casbah d'Alger....comme voir un coucher de soleil sur le Sahara algérien, on a tous eu cette envie de beauté et de silence, une aspiration à la Lawrence d'Arabie...Aujourd'hui, pas question en raison des groupuscules terroristes affiliés au Daech ou Al kaida qui n'hésitent pas à vous enlever n'importe où, vous assassiner de la façon la plus barbare qui soit et disparaître dans le labyrinthe montagneux de la Kabylie sans être inquiétés,

    La Tunisie...Avant : la Médina, Carthage, l’île de Djerba, une destination de rêve, Aujourd'hui, le pays est déstabilisé et subit les mêmes inconvénients que l'Algérie....

    Le Maroc ? En voilà une bonne idée..tout le charme exotique de Marrakech, Constantine , Rabat, Fès où l'arrière pays, Paradise Valley, Haït-ben-haddou, les gorges du Dadès, du Dodgha ou les dunes de Merzouga ....pour l'instant pas de souci...mais jusqu'à quand ? On est trop près de l'Algérie et ses problèmes de sécurité irrésolus, l'Aqmi n'est pas si loin et se déplace vite....du nord au sud, d'est en ouest.

    La Libye... Tolemaide, Sabratha...sites archéologiques....pas question pour les mêmes raisons précédemment édictées.

    L’Égypte ? Jusqu'en 1990, on pouvait circuler un peu partout, voir tous les magnifiques sites archéologiques de la dynastie pharaonique. Depuis, se rendre sur ces sites nécessite une dose d'inconscience, de nombreux groupes islamistes du Mont Sinaï parcourant la région jusqu'à la vallée du Nil.

     

    Examinons maintenant l'Afrique occidentale et centrale. Peu de pays sont épargnés soit en raison des épidémies du sida ou de l'ebola soit lors des luttes intestines au sein des tribus...faisant des milliers de morts.

    Avant, il y avait le Kenya et son Kilimandjaro...aujourd'hui trop de lutte de pouvoir où il suffit d'une étincelle pour faire renaître le KPU, affûter leurs machettes et déstabiliser le pays....

    Que reste-t-il de l'Afrique ? Celle du Sud, grâce à Mandela qui a réunifié les deux communautés blanche et noire bien que l'Apartheid ne soit pas totalement éradiquée ou Madagascar, notre ancienne colonie, stable, accueillante avec sa nature riche et diversifiée.

    Passons au Moyen-Orient. La zone est en ébullition entre Israël et la bande de Gaza assis en permanence sur un baril de poudre ce qui enflamme de concert tout le Moyen-orient...Liban, Jordanie, l'Afghanistan et ses Talibans...l'Irak, un pays faible qui se restructure avec difficulté envahi par le Daech et ses milliers de combattants avec un pied sur la Syrie et ses rebelles au régime...l'Iran...pas très loin qui surveille la montée des flammes pour intervenir....alors où aller ? Nulle part !

     

    Remontons maintenant vers l'Asie. Nous traversons l'Océan Indien et ses îles romantiques, l'ancienne Île Bourbon, les Seychelles, que voyons nous ? L’Asie compte en moyenne 690 millions de musulmans répartis principalement en Inde, au Pakistan, Bangladesh, l'Indonésie et le sud des Philippines. Non, je ne tiens pas à faire d'amalgame en disant que tous les musulmans sont des terroristes, loin de là. Le vrai islam prône la paix mais combien observent le Coran ? La Charia, ces préceptes synonymes de souffrance...Que reste-t-il ?

    Le Sud-Est Asiatique... le Vietnam, Laos, Cambodge et aujourd'hui peut-être lorsque des élections démocratiques auront lieu...la Birmanie. On peut citer aussi le Japon, Taïwan, la Corée du sud et sa fragile frontière avec la Corée du Nord et son armée belliqueuse d'un million d'hommes....plus la Chine, un pays qui s'ouvre au capitalisme mais qui pourrait s'améliorer si les Droits de l'Homme étaient plus respectés..., s'ils libéraient le Tibet et le rendait à son Père spirituel, le Dalai Lama. La Chine est une grande puissance fière de son histoire..un peu de clémence de sa part tairait les a-priori que l'on a sur Elle. Quoiqu'il en soit, c'est un pays à visiter et sécurisé..peut-être un peu trop !

    Quant au reste du monde.... l'Amérique du sud, par exemple : 80 % du Mexique sous l'influence de cinq cartels et ses barons de la drogue...violence, assassinats...plus de morts qu'en Afghanistan . Le Brésil....et ses cartels... kidnappings, assassinats...Pérou, Bolivie, Colombie. Reste la moitié sud du continent...

    Alors, il nous reste la bonne vieille Europe mais comment y séjourner si, même dans ses frontières, les Islamistes recrutent et fomentent des attentats...les rues sont-elles sûres ? Peut-on s'y promener après Minuit ? J'en doute aujourd'hui....

    Je vais vous dire....lorsqu'il y avait la guerre froide, j'ai circulé derrière le rideau de fer mais jamais je ne me suis senti aussi peu en sécurité que maintenant. C'est vrai que lorsqu'on t'arrêtait après une nuit bien arrosée, tu passais une nuit au poste si tes papiers étaient en règle mais jamais, ils n'ont eu l'idée......de me couper la tête !

     

     

     


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  • L'oubli, c'est la transparence physique et l'effacement progressif et spirituel d'un être humain qui conduit inexorablement vers la mort identitaire. Alzheimer...j'y ai souvent pensé étant plus jeune.....et si cela m'arrivait ?...me suis je dit, pourquoi n'écrirais-je pas, lors de ma retraite, ce qu'a été ma vie.... ?

     

    Et puis...je raconterais quoi ?...mon enfance ?...inexistante, à courir d’hôpital en hôpital ?...ma période ado...pas folichonne, faite de claustration qui influa sur mon imagination ? ou le reste de ma vie, plus riche en événements afin de rattraper le temps perdu ?....Non !

    L'imagination est le précepte nécessaire pour faire un bon livre et se résumer à écrire sa vie en exutoire parce qu'elle intéresse ceux qui la lisent est simplement du voyeurisme intime. On est si attaché à divulguer nos peurs, nos joies intimes qu'on oublie la quintessence de notre imaginaire, le reléguant au second plan. C'est une erreur. Je vis ma vie, elle m'envahit mais je m'en débarrasse en la donnant aux autres. C'est un procédé malsain. Chacun à la sienne. Les gens sensés n'ont pas besoin d'une vie supplémentaire à assumer. Hugo n'a jamais parlé de sa vie, raconté ses joies, ses peines. Il avait cette façon de les faire ressentir à travers ses écrits. Vous me direz qu'à connaître la vie des autres, on apprend beaucoup de la sienne en évitant les mêmes erreurs à ne pas commettre. Ce perfectionnement s'il en est, j'appellerai plutôt cela du plagiat intimiste. Cette façon d'imposer des événements passés comme s'ils faisaient partie de l'histoire du monde....quelle aberration. Laissons cela aux historiens, ils sont capables de mettre en scène l'histoire puisque chaque acte décrit dans leur livre semble se répéter et leur appartenir, fussent-ils possesseurs d'un pouvoir ubiquitaire pour retracer à chaque instant la vérité qui semble être la leur.....pas celle forcement de l'histoire telle qu'elle s'est passée. 

    Que je sache, cette dernière est faite par des hommes tournés vers le passé, en hommage avec ceux qui l'ont fait. Si notre avenir est fait de celui-ci, le présent étant fugace, abordons le avec un maximum de clairvoyance, débarrassé de ces chaînes ancestrales qui nous empêche d'avancer avec sérénité.

    La majorité de ceux qui se réfugient dans le passé, et j'en fait hélas partie, ont un goût amer dans leur bouche, un goût salé d'un si j'avais su ou d'un si j'avais pu nappé de regrets intenses et éphémères. Leur conservation est une destruction mentale de notre faculté d'adaptation temporelle et dont de nous-mêmes. Ne sommes nous pas déjà frappé d'Alzheimer où le seul refuge existant reste nos souvenirs à la merci de cette mort identitaire ? Laissons les souvenirs à ceux qui leur permettent de vivre encore, plus longtemps, leur seul refuge face à l'oubli. Personnellement, j'ai tiré les leçons de mes souvenirs. Inutile de les faire resurgir en écrivant un livre car même si leur force à diminué, j'aurai toujours conscience de leur appartenir.


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  • CONTE SUR LA SOLITUDE

    Conte de la SOLITUDE

     

    L'inimitié humaine peut parfois faire des ravages sur un homme blessé par la trahison de ceux qui l'entourent. Insidieusement, elle s'acharne sur cet homme que je vois tous les jours parce qu'il est devenu trop gentil, trop confiant en l'âme humaine. La confiance en lui s'est effritée jusqu'à disparaître à jamais.

     

    On pouvait le voir, dès le matin, assis devant son jardin, portant les habits de la veille, de l'avant-veille, de l'avant-avant-veille, la barbe et les cheveux hirsutes, la poussière des jours sur son visage. Il n'avait plus le cœur à l'ouvrage. Cette petite étincelle qui l'animait autrefois avait disparu.

     

    Son seul ami...un petit bonzaï qu'il taillait minutieusement, amoureusement lorsque le vent ou la pluie le réveillait et auquel il donnait de l'eau lorsque le soleil était trop chaud, prenant conscience de sa propre présence et par là même, de sa propre solitude.

     

    Puis, de nouveau, il restait là, de longues heures, le regard vide comme si plus rien ne l'importait, indifférent aux choses qui l'entouraient, attendant le salut et le parfum âcre du froid hivernal.

    Pourtant, il aurait suffi d'un peu d'espoir pour qu'il renaisse à nouveau, mais l'espoir comme la confiance avait déserté sa vie.

     

    De plus en plus, il s'enfonçait dans une dépression qui le laissait sans force, sans réaction si bien qu'au cours des jours qui suivirent, il demeura ainsi, inerte.

     

    Un beau matin, le petit bonzaï, dans ses mains, se fit plus lourd et tomba. L'homme gentil était mort. En se brisant. les racines de l'arbre s’enfoncèrent dans la terre pour y puiser l'eau qui lui faisait défaut mais d'eau, il ne trouva point. La terre était trop sèche et le sol trop dur.

     

    Alors, le petit arbre, voyant son ami, inerte, l'entoura de ses bras feuillus et puisa le reste de substance dans cet homme gentil qui ne répondait pas. Il se raccrocha à cet ami qui l'avait quitté et grimpa au fil des jours tout le long de son corps. De ses ramures, il ceintura doucement, précautionneusement, cet homme pour ne faire qu'un avec lui.

     

    Un printemps, ayant dormi tout l'hiver, le petit arbre se réveilla. Une rivière coulait à ses pieds. Il se mira dedans. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que ses ramures se paraient de magnifiques petites fleurs roses et blanches. Il était dans un immense jardin où, à perte de vue, il pouvait apercevoir une multitude de ses semblables en fleurs.

     

    Il pouvait penser et deviner ce qui l'entourait car les fleurs lui parlaient...

     

    -comment allez-vous petit arbre? Lui demandaient-elles.

     

    -Je vais bien...répondait-il ;

     

    ses amis les grands arbres, du haut de leur cime, se penchaient sur lui …

     

    -Bonjour petit d'homme, bienvenue à ta grande famille...disaient-ils en agitant leurs grandes feuilles.....

     

    Il fut un instant heureux, puis il repensa au vieil homme. ….Oh non ! pas une pensée triste, mais une pensée solidaire, une pensée d'amour....Ah...se dit-il...s'il était là avec nous...il ne serait plus seul....les humains n'ont plus de cœur pour leurs semblables, ils s’entre-tuent, se déchirent pour être le meilleur....mais le meilleur...c'est nous, la nature... les animaux qui nous côtoient, le parfum des fleurs essaimées par nos abeilles...les arbres de la forêt, les champs de blé, le ruisseau qui coule, sa douce musique qui voyage à travers la terre, les montagnes jusqu'à la mer...immense et généreuse. Chacun de nous a besoin de l'autre pour vivre et survivre. L'inimitié n'existe pas entre nous parce que nous nous faisons confiance. A ce moment-là, une petite voix intérieure se fit entendre : Je t'entends...tu sais...petit arbre...c'est moi, le vieil homme...j'ai nourri ta sève de mon sang et redonné la vie ; aujourd'hui, nous sommes liés ensembles et je suis là en toi... je ne suis plus seul et je suis heureux.

                                                             © ChrisDaniels21


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  • Retrospective

     

    J'avais une grande amie, autrefois,

     

    qui parcourait déserts, landes et bois.

     

    C'était une amie de la nature,

     

    à l'esprit léger et au cœur pur

     

    friande de rimes, de paysages

     

    qu'elle rapportait dans ses bagages

     

    dès la fin du voyage.

      

    Elle me manque aujourd'hui,

     

    cette amie d'autrefois

     

    qui m'a fait aimer la poésie

     

    et redonné confiance en moi,

     

    quand tout semblait perdu,

     

    que mon cri d'espoir s'était tu

     

    en me laissant presque sans vie,

     

    sur le chemin de la vie.

      

    Aujourd'hui, je veux lui rendre hommage,

     

    à cette amie, cette poétesse sage,

     

    par ses écrits ainsi déroulés

     

    sur cette page blanche,

     

    je vous en fais profiter.

     

    Chris Daniels.

      

    --------------

     

    L'enfant, la rose et le chêne

      

    Jamais rose ne fut plus belle qu'au petit matin où les paupières de la nuit endeuillée se refermaient comme un coquillage chaviré, oubliant en son cœur une perle en forme de larme tremblante au soleil invisible qui illuminait tout ce qui devait être lumière et musique.

     

    Cassée, je marchais sur la route sans horizons d'exil, miroir encendré entravant mes pas de pierre. Je fixais continùment, dessinant ton nom sur le cristal de l'inoubli, le bouger brinquebalant de la petite armée odorante des roses de thé inécloses, penchées comme une confiante écriture d'enfant, sur le cercueil dont le vieux cœur de chêne s'épuisait dans un impossible simulacre de vie.

     

    J'eus envie, dans un geste muet et ma froide absence, l'espace d'un entre-soupir, de froisser entre mes doigts indolores, l'insolente beauté qui exultait, juste pour me sauver.

     

    Mais pourquoi aurais-je soustrait à la terre, cet arc-en-ciel mirifique, cette beauté éphémère comme un flocon de neige jouant dans un souffle de printemps, et qui exhalait son doux pollen comme une tendre caresse.

     

    Sur la route, inconnue de moi, un bouton de rose déplia ses pétales comme ceux d'une libellule ; mes yeux les feuilletèrent comme le livre d'une vie prise tout à coup dans une embuscade où, pourtant, s'inscrivent le chant d'un oiseau, la course d'un écureuil, où furtive une abeille dans un buisson de larmes.

     

    Ce soir, sons l'aile criblée d'or de la nuit, ils dormiront ensemble : lui, l'enfant, elle, la rose, et le vieux cœur de chêne

     

    (Transcription de l'insoluble)

     

    Chantal Liaud Avril 1989

     

     

      

    « Dans nos ténèbres, il n'y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la Beauté »

     

    (René CHAR)

      


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