• Richard-Mission Alpha-

     

    -Tibet 1963-

     

     

     

    Richard enjamba le muret, décrochant au passage quelques pierres qui roulèrent sur le sol inégal avec un bruit sourd. Tapi dans l'ombre, il scruta l'environnement qu'il venait de fouler, épiant le moindre bruit, humant la moindre odeur particulière et humaine qui l'eusse fait se tenir sur ses gardes.

     

     

     

    A pas feutrés, il se coula le long d'une ruelle dont il apercevait à peine les contours. Bien que ses yeux se fussent habitués à l'obscurité, il avait du mal à avancer. Des relents de beurre rance flottaient dans l'air. Instinctivement, il s'essuya le nez d'un revers de main.

     

     

     

    Il faillit s'étaler, dérapant sur des détritus nauséabonds disséminés le long d'un îlot d'habitations archaïques plongées dans une semi-clarté. Aux bruits de voix qu'il percevait, ce devait être un restaurant. Parvenu à l'encoignure d'une maison, la lumière de la rue principale le frappa brusquement. Surpris, il recula, fermant les yeux. Elle était déserte. Face à lui, de l'autre côté de la rue, des véhicules étaient rangés, l'avant tourné dans sa direction. Une chance. Leurs propriétaires devaient sûrement dormir à cette heure avancée...De toutes manières, il n'avait pas le choix.. Il n'allait pas se rendre là-bas à pied.

     

     

     

    Quelques minutes plus tard, il roulait vers l'ouest en direction du monastère de Drepung. Il sourit. Il n'avait pas perdu la main...il y avait bien deux ans qu'il n'avait pas « emprunté » un véhicule...

     

     

     

    Le landercruiser se comportait à merveille et le réservoir était plein. De la main, il toucha son sac de toile, rassuré. La caméra à infrarouge brûlait d'impatience et il avait emporté quelques films supplémentaires. Jusque là tout allait bien. Il entendit au loin le son d'une trompe dung chen suivi d'un battement de tambour sourd et lancinant.

     

     

     

    Les phares trouaient la nuit tranquille, tel un dragon crachant des flammes, avalant chaque kilomètre de terrain aux nuances sulfureuses. Il passa tout près de l'endroit où le Piper était dissimulé. Mentalement, il le perçut aussi nettement que s'il lui était apparu à quelques mètres. Simple construction mentale qu'il s'amusait à extérioriser, à interpréter suivant son bon vouloir.

     

     

     

    Distrait dans ce jeu puéril et inconscient, il faillit manquer l'embranchement qui conduisait à la cité monastique. Il lui restait trois kilomètres pour garer le véhicule en le soustrayant à la vue des patrouilles qui sillonnaient de temps en temps les abords de la colline. Passer entre les mailles du filet martial n'allait pas être une mince affaire.

     

    Néanmoins, trois éléments étaient à considérer :

     

     

     

    -le premier était que la situation politique depuis mars 59 s'était légèrement radoucie et les autorités chinoises avaient décidé d'optimiser favorablement les rapports inter-tibétains d'où l'éventualité d'un relâchement des consignes de sécurité.....

     

    -le second tenait plutôt de sa jeunesse et de son entraînement intensif à remplir pleinement n'importe quelle mission d'infiltration...

     

    quant au troisième...

     

    -on ne l'attendait pas or, lorsqu'on attend personne, on a tendance à fragiliser son attention.

     

     

     

    ...mais il restait lucide. Il savait qu'il allait avoir besoin de toutes ses facultés avec un allié de choix dont il avait toujours bénéficié : le facteur chance.

     

     

     

     

     

     

     

    « le Potala »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :